Accepter de travailler en sous-traitance
Posté par: lydie pinardi | on mai 15, 2024
Votre activité souffre parfois de manque d’activité ponctuelle. Vous seriez tenter de combler ces ‘trous’ au planning en acceptant de la sous-traitance pour vous ou pour vos salariés.
Il est aussi possible qu’un confrère vous propose de vous payer les heures que vous lui consacreriez…
Mais à quel prix ?
Sous-traitant : Avantages et inconvénients
Les avantages
La sous-traitance comporte certains avantages qui rendent l’opération attractive. Vous n’avez pas de contraintes :
- de recherche commerciale de client,
- de rédaction de devis,
- de gestion de la relation client tout au long de l’affaire,
- de gestion de planning,
- de gestion d’approvisionnement de matières.
De plus, travailler en facturant des heures assure une forme de confort car les aléas sont portés par le donneur d’ordre qui assume toutes les conséquences, en sa faveur ou non.
Enfin, parfois, vous passez d’une relation avec des particuliers à une relation professionnelle. Cela qui facilite les échanges techniques.
Cette approche peut aussi vous permettre de mobiliser vos créances auprès d’un affacturage ou vous donne la possibilité d’escompter des traites.
Les inconvénients
Par opposition, le risque de non-paiement porte souvent sur des sommes plus importantes car les affaires sont multiples et regroupées sur une seule facturation.
Vous aurez également à supporter une image de votre donneur d’ordre ou à subir certaines de ses désorganisations éventuelles.
Enfin une certaine dépendance peut se créer car, pendant que vous travaillez en sous-traitance, vous ne développez pas votre propre clientèle en direct.
Remarque
Le contrat de sous-traitance n’est pas une obligation, mais il est plus que vivement conseillé afin d’éviter certains déboires. Plusieurs mentions sont alors à apposer et il est recommandé de passer par un professionnel du droit ou un syndicat professionnel pour obtenir un contrat cadre.
En savoir plus sur la sous-traitance
L’impact sur votre compte de résultat
Le compte de résultat est le reflet de vos produits (donc de vos factures faites au donneur d’ordre) et de vos charges, lesquelles sont fortement réduites en cas de pure sous-traitance.
1er cas : vous facturez habituellement des matières premières
Ce cas est classique dans le bâtiment ou la maintenance industrielle, par exemple.
Si vous avez un certain volume de sous-traitance facturé, votre taux de marge brute de production pourrait considérablement s’améliorer.
Et c’est là le piège… Améliorer son taux de marge parait vertueux, alors que ce n’est pas une évidence. Pourquoi ? Réaliser une facturation de pure prestation à un donneur d’ordre réduit considérablement le volume de chiffre d’affaires si habituellement vous êtes habitués à facturer des matières en complément.
Idée clef
Le prix de vente de votre temps est habituellement complété par des marges sur les matières revendues.
Lorsque vous ne vendez que des heures, il faudrait que votre prix soit supérieur à ce que vous vendez habituellement pour maintenir un niveau de marge équivalent.
Exemple
Par exemple, vous avez un chantier de 16 500 euros vendus en direct (prix du marché). Il a été devisé de la manière suivante :
10 000 euros (prix d’achat) vendu avec un coefficient de 1.2 soit 12 000 euros + 100 heures de production à 45 euros.
Si votre cout de revient (comprenant l’ensemble de vos charges y compris le matériel et la main d’œuvre) est de 47 euros de l’heure, votre marge sur chantier est alors de 1 800 euros.
Comment est-il possible de faire de la marge sur une affaire vendu à 45 euros de l’heure alors que l’heure coute 47 euros ? Parce que la marge sur la matière est un élément de rentabilité du chantier.
Si vous vendez à 45 euros juste de la main d’œuvre vous perdez alors 200 euros…
Si vous vendez à 48 euros juste de la main d’œuvre vous ne gagnez que 300 euros de marge mais vous économisez un temps précieux dans la gestion du chantier.
Par conséquent, vendre en sous-traitance revient souvent à renoncer à une partie de la marge. Toute la question est de savoir si cette marge vous était vitale ou non.
Ce phénomène a une explication rationnelle : votre cout horaire comprend des charges qui sont engagées pour produire (machines, structure…). Si vous vendez uniquement de la main d’œuvre, tout ces couts sont ‘dormants’ mais couteux et le donneur d’ordre ne paiera pas nécessairement une structure dont il n’a pas besoin. Il a besoin uniquement de vos compétences.
Les charges que vous portez sont destinées à être couvertes par une marge plus importante parfois.
2ième cas : vous ne facturez habituellement que de la pure prestation
Dans certains cas, si vous ne facturez que de la prestation en raison de la nature de votre métier (bureaux d’étude, formateurs, conception de logiciels…), le prix fait à un donneur d’ordre sera techniquement moins élevé car le donneur d’ordre prend en général une marge sur un prix de marché accepté de ses clients.
Vous réduisez donc souvent vos marges pour collaborer avec votre donneur d’ordre. Attention, par conséquent à bien gérer la notion de rentabilité pour que la facturation couvre bien vos charges habituelles. Toutefois, encore une fois, vous gagnez dans la balance un précieux temps de gestion de l’affaire.
Alors ? J’accepte ou pas d’être sous-traitant ?
La vraie question est difficile à trancher. Vous avez d’une part une marge réduite, mais d’autre part vous vous évitez bien des couts de prospection, relation client et suivi administratif. La balance est donc complexe à équilibrer et une recherche fine mérite des calculs dans lesquels Magesco peut vous accompagner 😉 !
En bref…
Vendre en sous-traitance évite souvent des démarches commerciales et des contraintes administratives.
Toutefois, la marge dégagée en valeur peut s’avérer insuffisante pour couvrir vos couts fixes.
Vous économisez donc des couts de gestion mais vous pénalisez votre marge.
Vérifiez donc avant d’accepter un contrat de sous-traitance de ne pas pénaliser votre rentabilité.