Entreprise reprise ? Le résultat s’analyse…
Posté par: lydie pinardi | on septembre 12, 2017
Vous venez de reprendre une entreprise.
Le résultat dégagé est positif (bonne nouvelle ?), alors que la trésorerie ne l’est pas forcément (et pourquoi ?).
Qu’y a-t-il à comprendre ? La reprise du fonds commercial ou le rachat de parts sociales auraient-t-ils un impact caché à prendre en compte ?
Le regard comptable…
Reprendre une entreprise
L’écriture comptable traduisant l’acte de reprise n’est généralement pas expliquée au repreneur qui délègue bien volontiers la tâche aux spécialistes du métier.
La compréhension de cette écriture est pourtant capitale au bon pilotage de l’entreprise nouvellement reprise.
Composition du résultat
Le préambule pour comprendre : Le résultat est constitué de deux éléments principaux : les produits (ou chiffre d’affaires) en compte 7, et les charges classées en compte 6.
Les charges
- Charges décaissées : ce sont celles qui engagent un paiement (exemple : assurance, matières ou honoraires).
- Charges calculées : elles correspondent, pour partie, à une quote-part annuelle des investissements (exemple : les amortissements d’investissement ou des « immobilisations » selon le jargon comptable) sans donner lieu à un décaissement quelconque.
Attention : Toutes les immobilisations ne sont pas amortissables.
Mais alors, quel est l’impact sur le résultat d’une immobilisation qu’on n’amortit pas (comme un fond commercial ou des parts sociales) ?
Réponse : aucun, et c’est là que se cache le piège, surtout si vous avez emprunté !
Argumentons par deux applications :
Un emprunt pour un bien amortissable
Exemple
L’entreprise investit dans un véhicule pour un montant de 30 000 €, grâce à un emprunt contracté au moment de l’acquisition et amortit sur 4 ans.
- Sa charge d’amortissement déduite de son résultat est de 7 500 € par an (30 000 x 25 %).
- Le remboursement de son emprunt n’est pas une charge. Il n’est que le remboursement d’une avance de trésorerie faite par la banque !
Conséquence : La sortie de trésorerie ou le paiement étant quasiment équivalent à la charge, les 2 points pourraient sembler s’apparenter et n’impliquent presque aucun problème. Par contre…
Un emprunt pour un bien non amortissable
Exemple
Imaginons maintenant un emprunt pour un bien non amortissable comme…un fonds commercial.
- La sortie de trésorerie (remboursement de l’emprunt) sera de 7 500 €, pour rester simple, sans intérêts.
- Il n’y a pas de charge d’amortissement (puisque l’emprunt n’est pas une charge et que le fonds commercial ne s’amortit pas).
Conséquence : Le résultat peut être positif (il ne constate aucune charge pour ce fonds)… et la trésorerie désastreuse/inquiétante (puisque, rappelons-le, l’investissement ne peut être amorti mais que vous remboursez bien l’emprunt !).
Et chaque année, on remet ça, la trésorerie diminuant par effet de cumul alors que le résultat vous fait de grands sourires…
À noter
Le fonds commercial ou les parts sociales acquises ne seront constatés en charge que lors de leur cession éventuelle. A ce moment-là, il sera possible de déterminer si une plus ou moins-value a été réalisée.
Que faire ?
Anticiper
Conservez une trésorerie suffisante en capitalisant suffisamment votre entreprise ou en prévoyant de réabonder en compte courant par la suite!
Incluez cette notion dans votre prévisionnel afin de ne pas être pris au dépourvu.
Il sera nécessaire de prévoir suffisamment de bénéfices pour couvrir les remboursements d’emprunt futurs… ce qui implique évidemment de surveiller ce résultat au fur et à mesure.
Réserver / consolider
Évitez la distribution massive de dividendes. En effet, les bons résultats de l’entreprise pourraient encourager la distribution de l’intégralité du résultat ce qui viendrait appauvrir l’entreprise qui doit rembourser ses crédits.
En bref, pour les repreneurs :
Conservez une trésorerie suffisante pour rembourser votre emprunt bancaire contracté pour l’acquisition du fonds commercial ou des parts sociales !
Souvenez-vous que le résultat ne prend pas en compte le coût d’achat de ces immobilisations non amortissables. Ce paramètre est à garder en mémoire pour une juste analyse de l’entreprise.
A bon repreneur… salut !