Vous lisez votre compte de résultat annuel, et une ligne, obscure pour vous, vous interpelle : « Production stockée ou déstockage de production ».

Pourtant cette ligne peut avoir un impact significatif sur le niveau de votre résultat !

Quel type d’entreprise est concernée et pourquoi…

Production stockée : pour qui ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’une entreprise est considérée comme productive lorsqu’elle transforme des matières ou lorsqu’elle délivre un service. Dans les autres cas, elle est assimilée à une activité de négoce, c’est-à-dire liée à l’achat et la revente, sans aucune transformation.

Or, seules les entreprises productives sont concernées par cette ligne de production stockée. Elle correspond en effet à un compte comptable de produit (numéroté 713). Vous n’aurez pas cette information si vous relevez uniquement du secteur marchand.

L’intérêt de la production stockée ?

Pour comprendre son intérêt, imaginez une production réalisée par l’entreprise qui n’est pas encore vendue, sous-entendu pas encore « facturée ». A ce stade, il n’existe donc aucune information comptable qui vienne alimenter positivement votre résultat. En effet, seule la facturation est considérée comme actant un revenu définitif pour l’entreprise.

Par contre, cette production a bien engendré des coûts. Et ces coûts dégradent la valeur de votre bénéfice. Ce sont des heures passées, des matières livrées, de l’énergie consommée etc… Or ces charges sont, elles, bien enregistrées. Un enregistrement en comptabilité est constaté puisqu’il y a eu des factures reçues ou des bulletins de payes réalisés.

Le problème se situe donc lorsque vous avez stocké une production. Sur un exercice, vous observez une charge pénalisant votre résultat et, sur l’exercice suivant, vous avez une vente matérialisant un revenu qui, lui, se retrouve… sans charge.

La méthode

C’est pourquoi, en fin d’exercice, vous êtes sollicité pour faire un inventaire de vos productions ‘stockées’. Une fois le comptage effectué, vous devez alors évaluer au coût de production, votre stock de produits (finis ou en cours de fabrication).

Quelques conseils pour votre inventaire

Exemple

 Vous avez passé 10 heures, estimées à un coût de production de 35 euros (comprenant des rémunérations et d’autres charges déjà constatées dans vos comptes en année N). De plus, vous avez mis pour 1 000 euros de matières HT. Votre coût de production stocké de N sera alors de 1 350 euros.

Techniquement, la valorisation de cette production vient s’ajouter à votre chiffre d’affaires dans ce fameux compte nommé « production stockée ». Ce produit neutralise ainsi les charges qui ont été engagées pour ces produits non vendus.

Par contre sur l’exercice suivant en N+1, cette somme sera mise en déduction (en produit ‘négatif’ car déjà anticipé l’exercice d’avant finalement).

Exemple appliqué au résultat de N+1

1^er cas : votre stock de produits finis en fin d’exercice N+1 est estimé à 2 000 euros. Votre production stockée correspondra donc à un produit de 650 euros (2 000 de N+1 – 1 350 de N) et augmentera votre résultat d’autant.

2^ème cas : votre stock de produits finis en fin d’exercice N+1 est estimé à 1 000 euros. Votre production stockée sera alors de – 350 euros (1 000 de N+1 – 1 350 de N) et diminuera votre résultat d’autant. Vous aurez alors un déstockage de production avec un chiffre négatif dans vos produits.

Cette ligne, ou ce compte, est donc le résultat d’une variation de vos inventaires de produits finis, pouvant être positive ou négative selon les valeurs de vos inventaires.

L’inventaire annuel de vos produits finis ou en-cours, valorisé au coût de production, est donc loin d’être anodin. Il joue positivement sur votre résultat comptable en première année mais vient en diminution systématique l’année suivante. Soyez scrupuleux sur cette valorisation souvent négligée et pourtant si impactante.

Et pour les entreprises de service ?

Une entreprise de service est également une entreprise productive. Certes, elle ne stocke pas de produits finis par définition. Par contre, elle peut avoir en ‘stock’ des prestations qui ne sont pas encore facturées. Elle rejoint ainsi la même problématique de décalage évoquée ci-dessus.

La méthodologie est donc identique : estimer le temps passé pour déterminer un coût de production des prestations en cours. Cette opération permet d’identifier les charges engagées pendant l’exercice qui s’achève. Vous aurez ainsi une production stockée au même titre que l’activité de fabrication de bien avec le même mode de fonctionnement.

En bref…

Vos inventaires de produits finis ou en-cours ont un impact sur votre résultat au travers d’un compte nommé « production stockée ou déstockage de production ».

Il correspond à la variation de vos inventaires des productions réalisées d’une année sur l’autre et peut donc être positif ou négatif.