Attention à la marge… !
Posté par: lydie pinardi | on juillet 21, 2017
Vous vous interrogez sur votre performance sur le dernier exercice ?
En vous référant aux documents remis par votre comptable, vous cherchez quelles informations vous délivrent vos comptes…
Qu’en est-il de vos marges ?
Les informations apportées par les comptes sont souvent bien confuses pour les non-initiés.
Pour mieux interpréter vos comptes, il faut tout d’abord comprendre que plusieurs documents traitent de la même information mais approchée différemment.
Vous cherchez votre taux de marge ?
En tout logique, on serait tenté de trouver cette notion dans le résultat de l’entreprise… ce qui n’est pas le cas !
En effet, la présentation standard du compte de résultat vu par un comptable n’aborde pas la notion de marge. On y trouve plutôt des charges catégorisées par « nature ». Ainsi les assurances sont regroupées entre elles tandis que les matières seront comptabilisées dans leur compte dédié.
Pas de panique. Il existe un document que votre comptable produit la plupart du temps qui s’intitule les « Soldes Intermédiaires de Gestion » (SIG). Il s’agit d’une analyse du compte de résultat qui est décortiqué avec plusieurs soldes intermédiaires pour parvenir ensuite sur le résultat de l’exercice en partant du chiffre d’affaires.
Ce dernier est souvent décliné en deux niveaux d’analyse : un synthétique et un détaillé.
C’est dans ces fameux SIG que vous trouverez la notion de marge. Le SIG détaillé vous donnera les comptes qui ont alimentés les regroupements effectués sur le synthétique.
La difficulté porte maintenant sur la lecture de ces « Soldes Intermédiaires de Gestion »…
Une marge ? Non, des marges !
En réalité il existe trois marges différentes qui peuvent vous renseigner :
1 – La marge commerciale
Elle concerne uniquement les entreprises qui pratiquent le négoce. On entend par là, la revente en l’état de marchandises achetées.
La marge commerciale correspond à la différence entre le chiffre d’affaires des marchandises vendues et le coût d’achat des marchandises engagé pour ces ventes.
On retient bien ici le coût des marchandises consommées et pas seulement celles « achetées », ce qui sous-entend que la partie stockée (ou déstockée) est prise en compte.
Explication :
Vous achetez un litre de lait que vous rangez dans votre frigo, si il y avait déjà 2 litres stockés précédemment, vous pourriez consommer 3 litres de lait (alors que vous n’en avez acheté qu’un seul).
2 – La marge brute de production
Cette marge concerne divers types d’entreprises.
Les entreprises de production industrielle ou artisanale
La marge brute de production retient alors, selon le niveau de détail donné par le logiciel comptable, la production faite par l’entreprise de laquelle on ôte les matières premières consommées et les sous-traitances achetées.
Les entreprises prestataires de services
Pour nombre d’entre elles, il n’y a pas de matières premières, mais on pourra retrouver des prestations achetées et sous-traitées à des confrères.
3 – La marge brute globale
Elle correspond simplement à l’addition des deux premières.
Ces marges sont exprimées sous deux formes qui retiendront votre attention :
- le montant de la marge qui représente votre ressource pour couvrir l’ensemble de vos autres charges.
- le taux de marge calculé sur le chiffre d’affaires qui a donné lieu à cette marge.
Vous avez donc trois taux de marge !
Analyse des marges
Conseil : Comparez vos taux de marge d’une année sur l’autre. Vous pourrez ainsi analyser votre performance interne !
Le taux baisse
Si le taux baisse, posez-vous les questions suivantes :
- Ai-je manqué de répercuter les hausses de mes achats sur mes ventes ?
- Suis-je dans un effet promotionnel qui vient pénaliser mes marges ?
- La concurrence me pousse-t-elle à baisser mes prix ?
- La composition de mes ventes a-t-elle variée d’une année sur l’autre ?
- Mes stocks ont-ils correctement été évalués ?
On a souvent des problématiques de négociation (fournisseur ou client) qui se cachent derrière cette diminution. Une prise de conscience ou une formation s’impose peut-être…
Est-il possible de ne pas avoir une de ces deux marges (commerciale et brute de production) ? Tout dépend de votre activité ! Vous avez trois configurations possibles : une entreprise pure commerce (un distributeur) ou pure production (un architecte ou une industrie robotisée), mais souvent vous pouvez avoir une activité mixte (un coiffeur ou un cuisiniste…).
Analyse d’une activité mixte
Dans ce cas là, l’analyse est plus complexe… Pour être pertinente, il faudra bien vérifier en amont le système de saisie comptable car il est possible que des achats soient à la fois des matières premières ou des marchandises.
Exemple :
Vous êtes dans la coiffure. Vos achats de shampoing peuvent être utilisés en production pour vos coupes ou pour être revendus à vos clients.
Le problème pour déterminer vos marges respectives consiste à savoir à l’achat quel type d’activité va supporter le coût ?
- Soit vous avez un conditionnement différent et, dans ce cas, il faudra que le comptable explose vos achats en deux : les achats destinés à la revente et les achats affectés à la production.
- Soit vous comptabiliserez tout dans un poste (la production par exemple) et ensuite vous devrez faire un transfert de charge de compte à compte suite à un suivi scrupuleux que vous ferez au fur à mesure de vos ventes.
Vous avez probablement compris la complexité de la finesse comptable dans l’activité mixte…
Si vous avez conscience que votre système n’est pas si « rigoureux », ne retenez alors que la troisième marge qui sera seule pertinente puisqu’elle regroupe les deux précédentes.
Ma marge est-elle dans les normes du métier ?
La question revient souvent. Mais avouons que, si on peut avoir quelques notions de références produites par des statistiques (demandez à votre comptable), il ne faut pas rester dans le comparatif brut.
La norme peut être un indice, mais surtout pas un impératif… sauf pour l’administration fiscale !
En effet, votre activité vous est propre et le taux dépend de nombreux paramètres qui influenceront le résultat. Même une comparaison avec vos concurrents (et en admettant que les chiffres qu’ils produisent soient « honnêtes ») peut être faussée ou déformée.
Le mieux reste donc dans l’auto-comparaison d’une année sur l’autre.
Pour analyser vos marges, déterminez d’abord de quel type d’activité vous relevez.
Vérifiez ensuite que vos comptes sont enregistrés de manière à donner une information détaillée exploitable.
Enfin, faites vos comparatifs avec vos années précédentes pour connaitre les tendances de vos performances.