Comment enregistrer le chiffre d’affaires d’une affaire en cours ?
Posté par: lydie pinardi | on février 15, 2024
Lorsque vous terminez votre exercice comptable, vous avez probablement des affaires en cours.
Comment ses affaires influencent-elles votre résultat ?
Quels sont les impacts de ces affaires ?
Plusieurs configurations distinguent vos affaires en cours à la fin de votre exercice comptable :
- Vous avez facturé uniquement un acompte pour l’affaire sans la commencer,
- Vous avez commencé cette affaire mais vous n’avez pas encore facturé,
- Vous avez émis des factures d’avancement en % sur l’affaire et il reste un solde à facturer l’année prochaine.
Techniquement, aucune de ces trois configurations ne devrait alimenter votre chiffre d’affaires !
Reprenons ces trois points…
Un acompte
L’acompte est en fait un moyen de faire financer des achats que vous aurez à effectuer pour réaliser votre affaire. Clairement, il n’est qu’un outil de financement de votre besoin en fonds de roulement.
Comptablement, il devrait être visible dans le passif de votre bilan, au niveau des dettes, tant que vous n’avez pas réalisé la prestation. En effet, si vous ne réalisiez pas la prestation, vous seriez tenu de rembourser votre client. L’acompte est donc pour vous une dette à court terme, que vous devez à votre client pour son dépôt.
Remarque importante
La complexité apparait lorsque vos factures émises sont systématiquement enregistrées en compte de vente (de classe 7). En l’état, votre résultat est augmenté de la valeur de cet acompte, ce qui est une grave erreur technique. Dans ce cas, pensez à rechercher dans vos comptes de chiffre d’affaires les factures concernées afin de les retraiter et de les classer dans un compte « d’attente ».
L’impact d’un acompte sur votre CA et son enregistrement : en savoir plus…
L’impact d’un acompte sur votre CA et son enregistrement : en savoir plus…
Un encours
L’encours a pour objectif de réguler vos charges, lesquelles comprennent une partie du chantier qui n’a pas de chiffre d’affaires équivalent enregistré par de la facturation. Par conséquent, en évaluant vos encours à leur cout de production, vous calculerez un chiffre qui vient « neutraliser » les charges engagées sur l’exercice pour les reporter sur l’exercice qui constatera l’achèvement de l’affaire.
Cette méthode, dite de l’achèvement, permet d’enregistrer une marge sur une affaire sur l’exercice qui la finalise.
Exemple
Une affaire a couté à l’entreprise 7000 euros (soit 100 heures à un cout de production de 45 euros et 2500 euros de matières) en N.
En N+1, elle est facturée 13 000 euros. De plus, son cout additionnel en N+1 est de 4 000 euros.
La marge constatée en N est en fait de zéro (neutralisation des charges par un encours de 7 000 euros) et de 2 000 euros en N+1 ( 13 000 de CAHT – 4 000 de cout enregistré -7 000 d’encours de l’année précédente).
« La méthode à l’achèvement consiste à comptabiliser le chiffre d’affaires et le résultat au terme de l’opération. En cours d’opération, qu’il s’agisse de prestations de services ou de productions de biens, les travaux en cours sont constatés à la clôture de l’exercice à hauteur des charges qui ont été enregistrées. » Art 622-2 PCG
Consulter le Plan Comptable Général 2023 sur la méthode de l’achèvement
Une facturation d’avancement
La technique de l’avancement n’est pas, comme le crois la légende urbaine, une simple facturation au % d’avancement !
Dans ce cas, l’avancement est plutôt à considérer comme un acompte complémentaire qui ne donne pas lieu à chiffre d’affaires.
La méthode à l’avancement consiste en réalité à comptabiliser le chiffre d’affaires et le résultat au fur et à mesure de l’avancement des contrats avec un degré de précision élevé.
Pour que l’avancement soit effectivement générateur de marge sur un premier exercice, il est impératif d’avoir une comptabilité de gestion permettant de valider le pourcentage d’avancement et de réviser, au fur et à mesure de l’avancement, les estimations de charges, de produits et de résultat.
Pour cela, votre entreprise doit pouvoir identifier clairement le montant total des produits du contrat et tout aussi clairement le montant total des coûts imputables au contrat.
Par conséquent, cette technique, qui consiste à estimer la marge finale de manière fiable, reste souvent peu à la portée de petites structures qui n’ont pas de système de suivi de gestion élaboré.
Risques de la facturation au pourcentage
Beaucoup de structures se contentent de faire des facturations au pourcentage. Le risque majeur est de créer un caractère aléatoire de marge qui pénalise les résultats de votre entreprise sur deux exercices.
Avec cette pratique non conforme, vous risquez d’anticiper des marges sur un exercice au détriment du suivant, de croire en un bénéfice dopé par une erreur technique.
N’hésitez pas à faire appel à nos services pour vous accompagner dans une analyse de votre résultat et à la mise en place d’outils de suivi de marge 😉.
En bref…
Si vous avez des affaires en cours, soyez prudent et analysez ce qui alimente votre résultat.
La méthode de l’achèvement permet de constater une marge sur l’exercice qui finalise l’affaire uniquement.
Pour sa part, la méthode de l’avancement répartit la marge sur la base d’un outil de suivi de gestion bien développé.