Comment envisager le remboursement du PGE ?
Posté par: lydie pinardi | on mars 15, 2021
Peut-être faites-vous partie de ce grand nombre d’entreprises qui ont eu recours au PGE ou à des financements régionaux liés au COVID.
La question du remboursement de ces prêts sera l’objet d’une décision stratégique.
Comment les entreprises envisagent-elles le remboursement du PGE ?
Selon un sondage réalisé auprès de 1000 entreprises en janvier 2021, il apparait qu’elles auraient majoritairement l’intention d’utiliser le remboursement du PGE au travers de mensualités étalées dans le temps.
Pourtant, l’impact du second confinement change les intentions. Selon ce sondage, il s’avère que le taux de 28% des entreprises pensant rembourser le PGE par anticipation ou à l’échéance s’est réduit de 4 points entre septembre et décembre.
Découvrir le sondage – La Tribune
Les conditions d’obtention du PGE
Tout d’abord, les entreprises peuvent recourir au PGE jusqu’au 30 juin 2021. Elles ont également la possibilité de demander plusieurs PGE de manière complémentaire et dans les limites prévues (dont le 25% du CAHT, 2 ans de masse salariale ou encore 3 mois des meilleurs chiffres pour le PGE « saison »).
Remarque
Cette souplesse permettrait aux entreprises de contracter un PGE complémentaire lorsque leur chiffre d’affaires de 2020 serait connu et dénoterait une hausse significative !
Concernant les entreprises qui n’auraient aucune solution de financement, l’État a mis en place des prêts qu’il accorde directement selon les conditions suivantes :
- 10 000 euros < 10 salariés
- 50 000 euros < 49 salariés
- 3 mois de CAHT > 50 salariés
Les conditions de remboursement du PGE
Un focus sur les conditions de remboursement du PGE permet de définir les possibilités qui sont offertes à l’entreprise.
Ainsi, la modalité de remboursement peut être définie selon la formule 1+1+4 :
- 1 an de différé pendant lequel seule la garantie Étatique est due (0.25% de la somme empruntée),
- 1 an d’aménagement de l’amortissement – seuls les intérêts et la garantie au taux normalisé seront à payer,
- 4 ans maximum de période de remboursement avec un taux progressif d’emprunt selon la durée retenue.
Report possible
Jusqu’en janvier, l’aménagement n’était pas systématique. La notion était de gérer au cas par cas pour les entreprises « qui en auront vraiment besoin ». Ainsi, un changement a été acté pour que les entreprises puissent demander ce report sans avoir de résistance à leur demande.
L’engagement de l’État porte sur l’assurance que la Banque de France ne considérera pas ce report d’un an comme un incident de paiement.
L’entreprise devra, dans les deux à quatre mois précédent la première date anniversaire, prévoir si elle rembourse l’emprunt à son échéance (en totalité ou partiellement) et sur quelle durée. Sa décision sera déclinée dans un avenant au contrat de prêt, et actera le taux de remboursement et les conditions. Il sera intéressant de relever des clauses prévoyant éventuellement le remboursement anticipé ou la modulation des mensualités.
Taux d’emprunt
Les taux d’emprunt proposés sont encadrés par un maximum acté avec les banques :
- 1 à 1,5 % pour des prêts remboursés d’ici 2022 ou 2023,
- 2 à 2,5 % pour des prêts remboursés d’ici 2024 à 2026, coût de la garantie de l’État compris.
Il faut savoir que les banques se sont engagées à proposer à prix coûtant leur taux de financement. Selon la performance de votre établissement, le taux pourra donc varier assez considérablement… et est parfois bien en dessous du maximum requis !
Pour rappel, la garantie de l’État est de 90% si l’entreprise a moins de 5 000 salariés et réalise moins d’1.5 milliards de chiffre d’affaires.
La sécurisation du PGE, par différence aux emprunts classiques, porte sur l’absence de caution personnelle et l’assurance qui reste facultative. Cette dernière est toutefois souvent fortement conseillée en raison des montants engagés.
Les bonnes questions à se poser pour choisir son option ?
Conseil n°1 :
Rationnalisez vos chiffres dans un vrai prévisionnel. Ne vous contentez pas d’une estimation au feeling !
Bien qu’il soit difficile de prévoir dans un contexte aussi incertain que celui d’aujourd’hui, il semble encore plus important de poser les scénarios du possible.
Si vous remboursez dans l’immédiat votre PGE, vous prenez le risque de vous retrouver avec un besoin de trésorerie à l’avenir qui sera plus difficile à satisfaire. En effet, les banques n’auront par la suite que les garanties habituelles à vous proposer.
La réalisation d’un plan de financement est donc un incontournable pour prendre la bonne décision.
Conseil n°2
Estimez votre besoin en fonds de roulement.
Estimez donc, non seulement votre capacité d’autofinancement pour les années à venir, mais également la croissance éventuelle de vos besoins.
Exemple
Elle peut être liée à une activité qui se développe, ce qui engendrera une augmentation des stocks et des encours clients.
En savoir plus sur la capacité d’autofinancement
Plutôt que le remboursement immédiat, il existe des solutions d’utilisation de votre trésorerie plus efficaces pour développer votre affaire :
- Recourir à l’escompte auprès de vos fournisseurs lorsque cela est possible.
- Augmenter votre stock pour être réactif commercialement et ne plus être en flux trop tendus. Vous pourriez alors bénéficier d’économies d’échelle très importantes sur vos achats groupés.
- Investir dans du matériel plus performant pour gagner en efficience dans votre production.
Les points importants à surveiller
- Que les économies que vous pourrez réaliser ou les avantages que vous retirerez ne soient pas inférieures au coût de l’emprunt,
- Que la durée du retour sur investissement ne soit pas supérieure à la durée de remboursement du PGE.
Si le point numéro 1 ne semblera pas trop poser de problème étant donné le coût peu élevé de l’emprunt, le second semble être un point d’extrême vigilance.
Il est donc nécessaire d’envisager une double analyse prévisionnelle. La première concerne votre rentabilité, la seconde votre capacité de remboursement.
Conseil n°3
Connaître votre capacité de remboursement annuelle.
A ce stade, il est essentiel de tenir compte de vos engagements passés. Les emprunts ‘classiques’ en cours ont peut-être même été décalés et rallongés. Il est donc primordial de vérifier que les remboursements futurs ne seront pas trop élevés par rapport à votre capacité à rembourser.
La durée de remboursement devrait être calée sur votre capacité de remboursement.
Conseil n°4
Consolidez votre fonds de roulement.
Si vous avez à l’avenir des projets d’investissements, n’oubliez pas que vous aurez un taux d’endettement qui pourrait freiner votre capacité à emprunter.
La clef sur le sujet est votre capacité à conforter vos fonds propres.
Application
Une entreprise fait un PGE de 75 000 euros au 30/04/2020 car elle réalise en 2019 un CAHT de 300 000 euros. Elle décide de ne prendre aucun dividende pendant toute la période de remboursement.
Pour rembourser son PGE, elle opte pour le 1+1+4 à un taux plafond de 2.5%. Le total sur toute la période du coût de l’emprunt sera d’environ 3 900 euros.
A priori, tout fonctionne sauf que l’entreprise n’a pas investi en …6 ans. De plus, est-ce que son besoin en fonds de roulement aurait augmenté plus que les 42 000 euros de trésorerie potentielle thésaurisée ? N’oubliez pas de toujours faire le rapport entre le besoin en fonds de roulement et le fonds de roulement pour ne pas être mis en défaut.
En savoir plus sur le besoin en fonds de roulement
Ce visuel ne devrait donc pas être suffisant mais donner lieu à une réflexion stratégique plus poussée.
Pour consolider vos fonds propres, plusieurs leviers se proposent à vous. Citons, par exemple, qu’une CAF (Capacité d’Auto Financement) supérieure à vos remboursements d’emprunts, une politique de dividendes réduits (ou de non prise de dividendes si ces derniers sont fiscalisés mais laissés en compte courant).
Mise en garde !
N’oubliez pas que les bilans sont statiques à une date donnée. Soyez donc vigilants sur vos variations annuelles qui dépendent parfois de fortes saisonnalités ou d’autres aléas.
Enfin, certaines Régions proposeraient des prêts participatifs comme solutions alternatives à étudier dans des cas bien spécifiques.
Exemples de prêts participatifs
Conseil n°5
En cas d’incertitude, choisissez la durée maximale de remboursement et, si souhaité, remboursez par anticipation une fois votre trésorerie sécurisée.
La grande souplesse du PGE est un atout inédit dans l’histoire du financement de l’entreprise. Ne vous mettez pas en défaut de trésorerie par un remboursement trop hâtif car le découvert et les pénalités de dépassement de découvert peuvent être largement supérieur au coût global du PGE.
Triste rappel
Un taux de découvert peut varier entre 6% et 16%, sans compter les pénalités si le plafond est dépassé…
Par conséquent, ne lâchez pas votre bouée de sauvetage tant que vous n’êtes pas en sécurité sur un bateau ! Il sera toujours temps de se libérer de votre PGE lorsque vous aurez un visuel plus sécurisé de l’avenir de votre entreprise. L’environnement mouvant et instable du jour n’est peut-être pas le moment d’abandonner une trésorerie facilitée par le PGE.
En bref…
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Conseil 1 : Rationnalisez vos estimations.
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Conseil 2 : Estimez votre futur besoin en fonds de roulement.
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Conseil 3 : Calculez votre capacité de remboursement annuel.
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Conseil 4 : Consolidez votre fonds de roulement.
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Conseil 5 : Choisissez la durée maximale et remboursez par anticipation.
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Conseil 6 : Evidemment Magesco peut vous accompagner sur vos prévisionnels !
La décision du mode de remboursement du PGE implique une vraie réflexion stratégique que vous devez assoir sur un prévisionnel chiffré et argumenté.
Il vous faudra ensuite veiller à ce que vos capacités de remboursement soient à la hauteur de la décision que vous prendrez !