La planification stratégique vs l’incrémentalisme disjoint
Posté par: lydie pinardi | on juillet 26, 2016
L’évolution de votre entreprise ne peut s’envisager qu’en complément de celle de son environnement. Vous pouvez tester de planifier, seul, dans votre coin, une stratégie que vous estimerez comme sans faille. Mais qu’un seul paramètre de votre environnement change et vous risquez de voir tout votre plan tomber à l’eau….
Vous ne trouverez pas chez nous le conseil d’abandonner la planification stratégique dont nous sommes de fervents adhérents ! Mais une planification stratégique doit être souple et réactive. Et toute la nuance est là.
Planifier. Qu’est-ce que cela implique ? To plan, en anglais, rejoint l’idée de se projeter. On a donc dans cette mission de planification une volonté expresse de chercher l’anticipation, de la provoquer. Qui a dit qu’il fallait de la rigidité ? Vous prévoyez de partir en vacances dans un chalet en montagne. Or, suite à une avalanche, le chalet est sous la neige. Etre rigide, c’est prendre sa pelle et déneiger pour prendre possession des lieux… Etre souple, ce peut être de changer de plan, et se tourner vers une autre location en montagne… ou ailleurs, car finalement, le coin est peut-être un peu trop risqué et vous encourage à voir vos congés différemment…
Donc, on planifie… Et si nos errements voire même nos errances, nous conduisaient autre part ? L’expérience est une source précieuse d’inspiration pour bousculer nos prévisions !
L’incrémentaliste est par définition un dirigeant qui va construire petit à petit sa décision, par petites touches accumulées qui vont réaliser l’édifice final. A la manière d’une stalagmite (celle qui monte !) vous pouvez en effet laisser au temps la possibilité de configurer votre projet en vous adaptant aux situations rencontrées. Un petit courant d’air et la goutte tombe… ailleurs.
L’incrémentalisme disjoint emporte l’idée, plus précise, de faits non coordonnés qui viennent se cumuler au final. Vous ne maîtriserez pas tout d’un coup. Aussi attardez-vous sur chaque élément séparément !
A l’origine le concept est posé par C. Lindblom dans les années 60 et s’applique aux politiques qui agissent selon les événements du moment à petits pas. Sans commentaires…
Notre conseil
La réflexion stratégique nous semble indispensable pour poser un plan mûri, réfléchi mais… souple ! L’incrémentalisme nous apprend que les opportunités ne peuvent être saisies que si on s’ouvre aux événements pour en capter l’essence décisionnelle. La remise en cause reste une possibilité de construire différemment, en tirant profit de ses propres erreurs ou de ses bonnes touches… Nous ne sommes pas nécessairement adeptes du disjoint à l’état pur cependant… Restez cohérents dans toute votre action pour que votre stalagmite ait de l’allure au final ! On gardera de l’idée du « disjoint », le fait que votre rationalité est limitée. Vous ne pourrez pas toujours être capable de maîtriser l’ensemble, ce qui conduit inéluctablement à certaines errances… constructives au final. Plan stratégique et incrémentalisme disjoint sont finalement plus complémentaires qu’opposés.
En bref…
On planifie à long terme, pour avoir une ligne directrice, mais on accepte les aléas comme une possibilité de revoir nos positions stratégiques, profitant d’une expérience incrémentaliste qui vient modifier par petites touches notre stratégie planifiée.
Au fait, vous partez où en vacances ?