Un effet papillon à votre stratégie ?
« Et si on avait… »
Avez-vous déjà eu le sentiment qu’un acte infime fait dans le passé avait influé toute votre stratégie d’aujourd’hui sans que vous ne puissiez changer la trajectoire prise ? Peut-être subissez vous un phénomène appelé le path dependence amplifié par un effet papillon…
La théorie du chaos
« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Cette métaphore faite en 1972 par le météorologue Edward Lorenz avait pour objectif de démontrer que certains événements apparemment sans conséquences pouvaient à terme provoquer de grands bouleversements.
Nous aimerions vous amener à considérer cette théorie du chaos (couramment appelé l’effet papillon) dans le contexte économique de votre entreprise. Très, trop, souvent, on néglige des faits considérés comme anodins parce qu’on estime qu’ils n’ont qu’un impact négligeable sur notre environnement. Pourtant, on ne peut occulter le fait qu’une décision prise en amont génère un effet sur l’avenir, qu’il soit très concret, quantifiable ou plus subtil.
Malchance ?
Prenons un exemple vécu.
Les faits
Un de nos client boulanger a vécu un véritable enfer : sa conjointe tombe gravement malade au point que ses jours ont été mis en danger. Quant à lui, il se doit d’assumer désormais seul la production et la vente pendant plusieurs mois, le temps que madame se rétablisse (fort heureusement dans notre histoire). Comment expliquer à notre homme, vaillant il faut le reconnaître, que cette situation n’est pas totalement fortuite ?
L’effet papillon
Un retour en arrière nous amène neuf mois plus tôt, au moment même où notre boulanger rachète son fonds de commerce. Nous sommes au mois d’Août, la vente doit se conclure rapidement pour que la rentrée soit réussie avec la reprise de la boulangerie et des cours. Soit, affaire conclue dans le timing. Mais, juste avant les fêtes de Noël, le four rend l’âme provoquant une panique très compréhensible pour ce métier qui joue souvent sa saison à cette période festive. On compense. Les heures ne sont pas comptées. Et on sort victorieux de cette impasse en limitant les conséquences de cette panne. Victoire totale ?
Analyse rétrospective
Trois mois plus tard, une maladie grave est décelée chez Madame et nécessite une hospitalisation d’urgence, accentuant la pression sur notre boulanger. Fatalité ? Notre point de vue à ce sujet est que le hasard n’existe pas, ou presque pas pour être précis. La décision hâtive prise lors du rachat n’a pas permis aux futurs acquéreurs de regarder l’état du four et sa maintenance. Ne blâmons pas notre boulanger ! Dans le rush, sous la pression ou dans l’excitation, nous commettons tous des erreurs, des battements d’ailes de papillon, qui peuvent avoir leurs conséquences.
Mais la malheureuse négligence de cet instant n’a-t-elle pas provoquée le surmenage, lui-même à l’origine de la maladie ? On admet désormais (en psychologie de la santé, décodage biologique, psycho-somatologie, etc…) que notre corps lance des alertes et que ces dernières montent graduellement jusqu’à l’ultime avertissement : la maladie. La prescription médicale ? Du repos. Ce qu’on n’a pas entendu alors s’impose tristement.
Le chemin pris vous contraint
Terminons donc cet article sur ce qu’on appelle le path dependence (traduire cette notion par « la dépendance du sentier » ou plus librement « le chemin pris »).
Plus d’info sur le Path Dependence
Toute décision prise par le passé vous oriente sur un chemin que vous avez emprunté et qui vous conditionne aujourd’hui.
Vous avez choisi une méthode, réalisé un investissement, embauché un salarié … qui vous oblige à ce jour, vous ôte certaines options et vous réduit dans vos choix actuels. Le passé étant irréversible, par définition, vos orientations passées limitent votre panel de décisions actuelles.
Que dire alors ? Inutile de se lamenter. Ce qui est fait est fait ! Et peut-être même qu’au moment de prendre la décision, vous avez pris la meilleure décision … à l’époque. Cela vous contraint ? Certes… Comment allez-vous donc désormais réagir ? La stratégie n’est-elle pas, finalement, un concept vivant qui s’adapte et joue avec les éléments qui l’entourent ?