J’ai un encours de production…

travaux inachevé à la fin de l'exercice

Lors de votre rencontre annuelle avec votre comptable certaines questions se posent pour pouvoir clôturer votre exercice. Parmi celles-ci, se trouve celle des encours de production…

L’occasion de faire un rappel de cette notion et de son influence sur vos comptes

Aussi étrange que cela puisse paraître, les encours de production ne concernent pas uniquement les entreprises industrielles. Même un prestataire de service peut être touché par cette application comptable. Comptable ? Pas seulement… Il existe en effet un réel impact sur la vision de la gestion que vous pouvez avoir de votre entreprise.

Les travaux en cours, ou encours de production, sont assimilés à des stocks. C’est pourquoi, si vous les cherchez sur votre bilan, il faut vous rendre à l’actif circulant où vous trouverez une ligne dédiée à vos encours.

Que représentent ces encours ?

Comme leur nom l’indique, il s’agit de travaux, de produits ou de prestations que vous avez entamés sans qu’ils soient achevés à la date de votre clôture.

Par exemple :

Vous êtes architecte. Vous avez entamé une étude pour votre client, mais le permis de construire n’est pas encore déposé… Pourtant, vous avez probablement consacré du temps à la réalisation du projet : des réunions avec votre client, des ébauches, des rectifications. Ce peut être vous qui êtes concernés, ou l’un de vos salarié… Quoi qu’il en soit, vous avez engagé des dépenses en 2016, alors que rien n’a encore été facturé de manière définitive.

A ce stade, on a donc une incohérence : la charge est en 2016, mais le produit (le chiffre d’affaires) sera sur 2017… ce qui n’est pas admissible pour un œil de gestion avisée…

Remarque : ne croyez pas qu’une facture d’acompte rend cette notion caduque ! En effet, l’acompte n’est pas considéré comme une production et il ne se retrouve pas dans votre chiffre d’affaires. Il n’a donc aucune influence sur votre résultat ! … Sous réserve que les acomptes soient bien enregistrés selon les préconisations comptables.

C’est à ce stade que vous devez valoriser vos encours. Attention ! La règle est de raisonner en coût de production et non en prix de vente ! Pourquoi ? Parce que vous ne savez pas quelle marge vous ferez sur cette affaire tant qu’elle n’est pas terminée ! L’objectif de l’encours est donc principalement de neutraliser la charge en 2016 pour la reporter en 2017…

Si vous estimez que vous avez passé 70 heures de travail sur ce projet, estimé en coût à 40 euros de l’heure, vous aurez un encours de 40 x 70 soit 2 800 euros. Ces 2 800 euros représentent donc une partie des salaires et autres charges engagés pour cette affaire.

Techniquement, le comptable va mettre cette « annulation de charge » en produit, dans un compte 713 (que vous retrouverez dans votre compte de résultat) et il va, en contrepartie les inscrire dans un compte de stock (33 ou 34 selon qu’il s’agit de biens ou de services produits) que vous verrez au bilan.

Une technique à double sens

Par contre, il faut bien comprendre que ce qui est en produit cette année, est mis en charge l’année prochaine… En effet, on considère que la facturation en 2017 verra alors cette charge de 2016 lui être imposée, plus le solde de charge naturellement constaté en 2017 pour achever la prestation…

Continuons l’exemple… En 2015, si notre architecte avait un encours de 100 heures soit 4 000 euros, on est en droit de penser qu’il a facturé son chantier en 2016… On peut donc confirmer que les 4 000 euros seront affectés comme une charge… en 2016 et non en 2015 !

Les choses se compliquent lorsque visuellement on ne voit pas en 2016 une charge de 4 000 et un produit de 2 800… mais juste une variation des deux dans le fameux compte 713. En la circonstance on aura +2 800 et -4 000 soit un produit négatif de 1 200 euros dans le résultat (pour simplifier, nous raisonnons en signe mathématique plutôt qu’en débit et crédit comptables).

Si vous trouvez cette notion trop inabordable et que vous décidiez de faire une approximation, vous risquez de fausser votre résultat et de ne pas avoir la réelle vision de votre performance… Nous ne pouvons que vous conseiller fortement de vous impliquer dans cette approche pour piloter votre entreprise avec précision… surtout que l’impact est ressenti sur deux exercices !

Remarque : pour les artisans ou les industries, la seule différence avec un prestataire de service pur sera liée à la présence de matières. Vous devrez les ajouter au temps passé pour valoriser votre encours. Elles seront évidemment toujours estimées au coût d’achat…

En bref…

Complexe au premier abord, la notion des encours est néanmoins très rationnelle et influence parfois fortement votre résultat ! Soyez attentif à ce point pour finaliser votre bilan et avoir ainsi la vraie vision de votre résultat…